• Sugarhill Gang, Histoire & Origine.

    Sugarhill Gang, Histoire & Origine.



    It's Good To Be The Queen

    Sugarhill Gang, Histoire & Origine.

    Sugarhill Gang, Histoire & Origine.

    Tout commence le 6 mars 1979, dans un loft de Manhattan. Le soir de son anniversaire,
    Sylvia Robinson, chanteuse et productrice noire américaine de R & B, découvre une musique dont elle ignorait jusqu'à l'existence: le rap. A cette époque, l'Amérique danse sur les tubes disco de Donna Summer et le Royaume-Uni ne jure que par le rock de Police et de Pink Floyd. Les rappeurs, eux, se produisent depuis une décennie sur les trottoirs du Bronx et de Harlem, mais personne n'a encore songé à capturer leurs sons. En vingt-quatre heures, flairant le gros coup, Sylvia va monter un label et réunir dans un studio trois rappeurs inconnus. Le groupe, baptisé «Sugarhill Gang», enregistre sur-le-champ une chanson, Rapper's Delight, qui deviendra le plus grand tube de l'histoire du rap (15 millions de singles vendus en quinze ans) et lancera cette musique dans le monde entier.

    Sugarhill Gang, Histoire & Origine.

    Retour sur cette nuit de mars 1979 où Sylvia reçoit «un coup de poing en pleine figure». Ce soir-là, les DJ font scratcher sur les platines les riffs de James Brown. Portés par ces tempos endiablés, des rappeurs prennent tour à tour le micro, improvisant des joutes verbales saccadées. «Ils ont créé l'ambiance extatique d'un chœur de gospel, raconte-t-elle, mais leurs rythmes étaient imprégnés de groove, de blues et de jazz. La foule répondait, chantant aussi énergiquement qu'elle dansait sur le beat.» En rentrant chez elle, Sylvia compose un morceau dont la mélodie, simple mais poignante, s'appuie sur la ligne de basse du célèbre Good Times de Chic. Reste à trouver des interprètes...

    Mais Sylvia ne connaît aucun rappeur. «A l'époque, j'avais 16 ans, se rappelle son fils, Joe Robinson. Je connaissais une pizzeria où travaillait un certain Big Bank Hank, 21 ans, pizzaiolo le jour, rappeur la nuit. J'ai immédiatement emmené ma mère l'auditionner.» Enthousiaste, Big Bank chasse ses clients, ferme sa devanture et commence à rapper dans la voiture de Sylvia. Sur le trottoir, Master Gee, 16 ans, les entend et se lance dans un duel vocal avec Big Bank. Sur ce débarque un troisième rappeur, Wonder Mike, 21 ans. La productrice les conduit dans un studio et recrute six musiciens supplémentaires. Les neuf ne s'étaient jamais rencontrés avant. Le temps d'écouter la composition de Sylvia, et Master Gee attaque: «I said a hip hop the hippie the hippie to the hip hip hop, a you don't stop...» Wonder Mike prend le relais: «See, I am Wonder Mike and I like to say hello: to the Black, to the White, the Red and the Brown...» Les autres enchaînent. Une seule prise suffit: quinze minutes de rap improvisé jusqu'à l'épuisement sur une musique funky.

    Une semaine plus tard, le single fait un carton. «Tout le monde se demandait d'où venait cette musique étrange: une suite d'onomatopées, de flashs sonores et de mots destinés à frapper l'auditeur, se remémore Joe, qui, depuis 1985, est devenu un membre du groupe. Le public était envoûté et les mots «rap» et «hip-hop» ont envahi le circuit commercial.» Rapper's Delight devient l'hymne du rap et déferle sur les pistes de danse.

    Toutefois, son accueil dans les milieux du Bronx est moins chaleureux: un soir, un DJ de New York passe le tube dans un club et se retrouve avec un pistolet pointé sur la tempe. «Je te fais exploser la cervelle si tu ne jettes pas cette merde à la poubelle!» menace ce puriste de la vieille école. Pour lui, Sugarhill Gang ne représente pas l'esprit des pionniers et diffuse des rimes sans contenu. Bambaataa ira jusqu'à dire que cette formation de Noirs se prostitue en imitant les niaiseries des Blancs. Et pourtant, un an après la sortie de ce tube, la première émission radiophonique de rap, Mr Magic's Rap Attack, annonce au monde l'arrivée d'un nouveau courant musical...